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Critique : Battle Royale Director's Cut
Battle Royale Director’s Cut n’est pas fondamentalement différent du Battle Royale que l’on connaît.
En réalité, très peu de scènes du film de Kinji Fukasaku ont été ajoutées et rien n’a été retiré, le montage est identique. Tous les ajouts ne concernent que les flash-backs, jamais les scènes sur l’île. On peut penser au premier abord que cette nouvelle mouture du film n’apporte pas grand-chose. Pourtant, ces petites scènes supplémentaires disséminées tout au long du film en renforcent subtilement la profondeur.
En effet, si l’on prend l’ajout principal, les brèves scènes de basket tournées en 2001, six mois après la fin du tournage, sont sans doute le seul témoignage visuel que l’on ait du sentiment d’unité des élèves avant le drame. Or c’est peut-être ce qui manquait à Battle Royale pour percevoir toute l’horreur de ce massacre des adolescents entre eux. Ces quelques images nous montrent une classe comme les autres, fêtant la victoire d’une équipe de basket, avec une totale insouciance. Seule Mitsuko (Kou Shibasaki) est à l’écart.
Mitsuko est d’ailleurs le seul personnage à se voir consacrer vers la fin du film un flash-back sur son enfance, confrontée à la perversion des adultes dès le plus jeune âge. Mitsuko nous était jusqu’ici présentée comme le pendant féminin de Kiriyama (Masanobu Ando) et sa folie destructrice : ce flash-back rétablit une certaine humanité du personnage, alors que Kiriyama demeurera au contraire un symbole de la mort implacable, on ne sait rien de lui et il ne dit pas un mot, il ne fait que tuer.
Mitsuko est donc, dans cette version, une bonne illustration de l’une des problématiques du film : les enfants ne sont pas fondamentalement mauvais en eux-mêmes, mais le deviennent par la faute des adultes. Ce qui contrebalance bien le point de vue du professeur Kitano (Takeshi Kitano), devenu cruel parce que rejeté par sa fille.
Enfin, le dernier ajout concerne Kitano justement, puisqu’on a doit à une version plus longue du rêve qu’il fait en commun avec Noriko (Aki Maeda) : dans Battle Royale, le rêve était très bref et sans paroles, tandis qu’ici les deux personnages ont une véritable conversation. Plus que jamais, Noriko apparaît comme la fille que Kitano aurait rêvé d’avoir.
Battle Royale Director’s Cut n’est pas spectaculairement meilleur que le génial Battle Royale, mais nous laisse peut-être davantage avec un sentiment de nostalgie en insistant sur l’innocence et surtout l’insouciance de l’enfance face à la brutalité du monde des adultes, admirablement illustrée en métaphore par le jeu cruel dans lequel sont jetés les adolescents.
Caroline Leroy
Article publié sur DVDRama.com le 26 août 2006
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