• Critique : La Mante religieuse, de Liu Chia Liang

    Le film s'inscrit dans l'esprit de dévotion à la philosophie des arts martiaux qui imprègne toute l'œuvre du réalisateur/chorégraphe Liu Chia Liang. C'est bien simple, jamais les arts martiaux n'ont été aussi spirituels et passionnants que sous sa direction virtuose.

    La Mante Religieuse illustre à la perfection l'étendue et la diversité du talent d'un réalisateur que la formidable popularité d'illustres chorégraphes tels que Yuen Woo Ping ou Ching Siu Tung ont quelque peu éclipsé ces dernières années. Avoir l'opportunité de découvrir ou redécouvrir les films de Liu Chia Liang par le biais d'éditions magnifiquement restaurées représente une chance inouïe pour l'amoureux(se) de films d'arts martiaux.

    Critique : La Mante religieuse, de Liu Chia Liang

    Fils du conseiller Wei Zheng Yuan du cabinet royal, le jeune lettré Wei Feng reçoit l'ordre de se rendre chez la puissante famille Tian afin de réunir des preuves de leur duplicité. Ceux-ci sont en effet soupçonnés de comploter avec le rebelle Wu Sang Gui qui prépare un soulèvement visant à rétablir la dynastie Ming balayée par les Qing. Si Wei Feng ne parvient pas à remplir sa mission à temps, sa propre famille risque d'être jetée en prison puis exécutée. Mais en arrivant chez les Tian, il tombe très vite amoureux de la petite fille du chef de famille, Fang Zhi Zhi…

    Comme la plupart des films de Liu Chia Liang, La Mante Religieuse prend pour point de départ un fait historique – ici la chute des Ming – pour s'appesantir ensuite uniquement sur les thématiques individuelles et bien sûr la philosophie des arts martiaux. Le cinéaste possède l'art et la manière d'approcher cette vaste et fascinante philosophie sur un ton délicieusement ludique qui cadre parfaitement avec l'ambiance apparemment légère du reste du film.

    Critique : La Mante religieuse, de Liu Chia Liang

    L'introduction de La Mante Religieuse consiste donc à nous présenter la mission que va devoir accomplir notre héros, Wei Feng (David Chiang), après avoir brièvement exposé ses talents d'artiste martial hors normes au travers d'un combat-spectacle l'opposant successivement à un guerrier mongol et à un moine bouddhiste (Gordon Liu en guest star).

    Passée cette épreuve, l'aventure peut commencer… et elle ne s'annonce pas précisément conforme à ce que l'on pouvait imaginer puisque Wei Feng ne met pas immédiatement son kung fu au service de sa mission, loin de là. Sa rencontre avec la jeune Zhi Zhi (Wong Hang Sau) le détourne momentanément de son office et fait simultanément basculer La Mante Religieuse dans la plus charmante des comédies romantiques, où nos deux tourtereaux rivalisent de candeur et de malice, n'hésitant pas à s'évaluer mutuellement à l'aide de leur kung fu comme c'est la tradition entre amants ou époux dans le cinéma de Liu Chia Liang.

    Critique : La Mante religieuse, de Liu Chia Liang

    Évidemment, le bonheur est de courte durée et le grand père de Zhi Zhi, doyen de la famille incarné par Liu Chia Yung (frère de Liu Chia Liang), conçoit certains soupçons contre le nouveau jeune professeur de celle-ci. C'est ainsi que les deux jeunes gens sont amenés à se marier et Wei Feng contraint de ne plus jamais quitter la résidence des Tian afin de garder la vie sauve. Le seul moyen pour Wei de rejoindre sa famille et de remplir sa mission sera de vaincre successivement tous les membres de la famille, du moins fort au plus puissant, répartis dans chacune des pièces principales de la demeure – chaque salle porte un nom – et usant d'une arme propre. Au passage, on se dit que cette idée géniale a forcément inspiré Masami Kurumada lorsqu'il a imaginé la fameuse et formidable Bataille du Sanctuaire de Saint Seiya

    Et si les affrontements fonctionnent aussi bien dans la deuxième partie de La Mante Religieuse, c'est aussi grâce au développement préalable des personnages, très soigné, qui nous prépare au déchaînement qui va suivre. Et quel déchaînement ! Les techniques et les armes les plus variées se mesurent les unes aux autres dans un festival monumental à deux, trois ou quatre combattants.

    Critique : La Mante religieuse, de Liu Chia Liang

    Filmés avec un sens du cadre et du mouvement inégalable, les combats se succèdent et ne se ressemblent jamais. Pourtant, tout se passe en famille. Car Wei Feng se bat aux côtés de sa femme Zhi Zhi, contre les oncles et grand-père de celle-ci.

    La Mante Religieuse regorge de scènes jubilatoires qui toutes s'intègrent à merveille au sein d'une intrigue réussie. A des années lumière des rôles sombres et torturés que Chang Cheh (La Rage du Tigre, Vengeance !) lui a confiés, David Chiang campe un Wei Feng absolument irrésistible, aussi merveilleusement à l'aise dans les scènes de jeu que dans le combat très technique – et ce même si, on le sait, il n'était pas le plus grand des artistes martiaux. L'alchimie est miraculeuse avec sa partenaire, la jeune Wong Hang Sau, elle-même adorable. La Mante Religieuse est un vrai régal à découvrir sans plus attendre – puisque c'est possible, à présent.

    Caroline Leroy

    Article publié sur DVDRama.com le 16 octobre 2005

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