• Galileo: critique du drama japonais

    Masaharu Fukuyama et Kou Shibasaki sont les héros de ce classique du drama policier, qui a fait l'objet de plusieurs déclinaisons à la télévision et au cinéma.

    Une fois n'est pas coutume dans l'univers bien calibré des séries japonaises, Galileo n'est pas l'adaptation d'un manga. Tantei Galileo (Détective Galileo) est un personnage créé dans les années 90 par le romancier Keigo Higashino, auteur dont la carrière est jalonnée de récompenses prestigieuses depuis ses débuts (le Edogawa Rampo Prize en 1985, le Mystery Writers of Japan Inc Award en 1999 et le Naoki Prize en 2006).

    Galileo: critique du drama japonais


    Un certain nombre de films et de séries ont déjà été adaptés de ses œuvres, comme Himitsu de Yojiro Takita (1999), G@me de Satoshi Isaka (2003), Lakeside Murder Case de Shinji Aoyama (2005) ou encore The Letters de Jiro Shino (2006).

    Diffusée fin 2007, la série Galileo exploite tout au long de ses dix épisodes le personnage intriguant du physicien de génie imaginé par Higashino à partir des romans Tantei Galileo et Yoshiyume. Nous découvrons celui-ci à travers le regard de Kaoru Utsumi (Kou Shibasaki), une jeune officier de police animée d'un sens très aigu de la justice, et dont le manque d'expérience est contrebalancé par un flair infaillible. Confrontée dès sa première mission à une mort survenue dans des circonstances insolubles, elle fait appel sur les conseils de son supérieur Kusanagi (Kazuki Kitamura) aux lumières d'un ancien camarade de fac de celui-ci.

    L'homme s'appelle Manabu Yukawa (Masaharu Fukuyama), il est physicien de métier et donne des conférences au sein d'une grande université. Surnommé affectueusement "Galileo" par ses amis à cause de son génie scientifique avéré, il est doté d'une personnalité taciturne et excentrique, mais ne résiste pas à la tentation d'infirmer le caractère "occulte" des phénomènes auxquels il est confronté. Une faiblesse que Utsumi va exploiter épisode après épisode, pour notre plus grand plaisir.

    Galileo: critique du drama japonais


    A première vue, Galileo s'inscrit dans la vague de programmes inspirés du schéma The X-Files : un homme et une femme de personnalités opposées et complémentaires mettent à profit leurs talents respectifs afin de résoudre des énigmes surnaturelles. La place accordée à la science dans l'enquête pourrait aussi placer le drama dans la lignée des Experts et de ses innombrables dérivés à la gloire de la police scientifique. Après tout, même la France s'y est mise avec la série R.I.S. Police Scientifique – qui essaie au passage de nous faire avaler que nos commissariats sont éclairés au néon et équipés de technologies de pointe…

    En réalité, Galileo ne ressemble à rien de tout cela et marche sur d'autres plates-bandes, celles des romans policiers à énigmes avec leur inévitable trio de questions : Qui ? Pourquoi ? Comment ? A ceci près que le crime "presque parfait" est ici toujours relié, de près ou de loin, à la manifestation d'un phénomène inexpliqué : mort par combustion spontanée (épisode 1 : Burns), expérience de flottement de l'esprit hors du corps (épisode 2 : Floats), maison hantée (épisode 3 : Rattles), décès par crise cardiaque d'un sujet sain dans une piscine (épisode 4 : Rots)…

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    La grande force de Galileo consiste à stimuler simultanément l'imaginaire fantastique et la raison pour aboutir à une démonstration scientifique jubilatoire du procédé tantôt machiavélique, tantôt fortuit, qui habille chaque crime en particulier. Les expériences, toutes très rigoureuses du point de vue des lois de la physique, sont réalisées sous nos yeux par Yukawa lui-même, qui se sert du laboratoire dans lequel il travaille habituellement et n'hésite pas à mettre à contribution ses propres étudiants, au grand dam de son assistant Kuribayashi (Ikkei Watanabe).

    Si tous les épisodes sont réussis, certains se détachent du lot : les épisodes 1, 2, 4, 7 et le duo 9-10 (la série se termine sur une enquête étalée sur deux épisodes) sont de loin les meilleurs. Ils prouvent que, pour incroyablement ludique qu'elle soit, la série ne laisse jamais de côté la dimension humaine, nécessaire à la réussite d'une bonne énigme policière dans le respect de la tradition.

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    L'écriture des scénarios représente incontestablement l'un des points forts de Galileo. Toutefois, la réalisation n'est pas en reste et se hisse un cran au-dessus de la plupart des séries télévisées, grâce à des cadrages dynamiques et au choix d'angles variés – de manière surprenante, on notera moins de gros plans dans Galileo que dans bien des longs métrages actuels.

    La bande originale très ambiance participe à nimber la série d'une aura de mystère unique, accentuant délicieusement la portée de certaines révélations, comme si le spectre du surnaturel ne se dissipait jamais vraiment. A tout cela, il faut bien sûr ajouter un casting impeccable, nerf de cette belle réussite.

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    Kou Shibasaki, 27 ans, prête ses traits et son humour au personnage de Utsumi, qui représente le point de vue du spectateur sur les événements comme sur la personnalité insaisissable du professeur Yukawa. Le public français connaît cette jeune actrice révélée par Battle Royale (Kinji Fukasaku) et revue quelques années plus tard dans La Mort en Ligne (Takashi Miike).

    Sa carrière ne s'arrête pas là : chanteuse, actrice de télévision et de cinéma, Shibasaki est l'une des jeunes comédiennes les plus intéressantes de sa génération, aussi à l'aise dans le cinéma d'auteur (Go de Isao Yukisada, La Maison de Himiko de Isshin Inudô) que dans les œuvres grand public (Dororo de Akihiko Shiota). Connaître l'étendue de son registre signifie aussi avoir vu la formidable série Orange Days, dans laquelle elle livre une performance exceptionnelle dans le rôle d'une pianiste prodige atteinte de surdité, qui s'exprime exclusivement en langage des signes.

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    Quant au professeur Yukawa alias "Tantei Galileo", il est interprété par l'auteur-compositeur Masaharu Fukuyama, 39 ans, aperçu dans plusieurs dramas depuis une quinzaine d'années, et qui confère au personnage un côté décalé, une étrangeté particulièrement savoureux. Plus les épisodes passent, et plus il apparaît évident qu'il est l'interprète idéal pour le rôle, d'autant que l'alchimie avec Kou Shibasaki fonctionne du tonnerre.

    Les seconds rôles se révèlent tout aussi parfaits : en plus de Ikkei Watanabe et Kazuki Kitamura, citons la fantastique Miki Maya, qui joue la médecin légiste plutôt originale auprès de laquelle Utsumi vient régulièrement déballer ses états d'âme. Mais ce n'est pas tout. Chaque épisode ou presque est l'occasion d'inviter une guest star de choix. L'épisode 1 offre à Toshiaki Karasawa un rôle en or, aux antipodes du Kenji de 20th Century Boys. Galileo invite aussi à la fête Ryoko Hirosue, Hirofumi Arai, Maki Horikita, Koichi Mantaro, Yumiko Shaku, ou encore Kyoko Fukada (Kamikaze Girls) qui hérite d'un rôle étonnant.

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    Fort de son succès mérité, le drama Galileo se poursuit au cinéma le 4 octobre 2008, avec la sortie de The Devotion of Suspect X, qui transpose directement le roman éponyme Yōgisya X no Kenshin, spin-off de Tantei Galileo.

    Masaharu Fukuyama et Kou Shibasaki y reprennent du service dans les rôles respectifs du professeur Manabu Yukawa et de l'officier de police Kaoru Utsumi. La sortie du long métrage s'accompagne de la diffusion télévisée d'un Drama Special (SP) le soir-même : Galileo: Episode Zero.

    Dans la lignée des deux derniers épisodes de la série, The Devotion of Suspect X s'intéresse au passé du professeur Yukawa. Celui-ci se retrouve en effet contraint de se mesurer à son ancien ami et éternel rival, le professeur de mathématiques Tetsuya Ishigami. Entre le génie de la physique et celui des maths, qui va l'emporter ?

    Galileo: critique du drama japonais


    Le scénariste Yasushi Fukuda et le réalisateur Hiroshi Nishitani ont à eux deux travaillé sur les meilleurs épisodes de Galileo. Si le film ne se montre pas tout à fait à la hauteur de nos espérances, la faute à un scénario laborieux, il est à noter qu'il a donné lieu en 2012 à un remake coréen intitulé Perfect Number, qui met en scène Ryu Seung Beom et Lee Yo Won.

    Enfin, Galileo a connu une deuxième saison de 2 épisodes en avril 2013. Si le réalisateur Hiroshi Nishitani et l'acteur Masaharu Fukuyama sont toujours au rendez-vous, Kou Shibasaki se voit remplacé par Yuriko Yoshitaka, actrice très en vogue à cette époque. La même équipe se retrouve dans la foulée pour le film Midsummer Formula, dernière adaptation en date des aventures du détective créé par Keigo Higashino.

    Caroline Leroy


  • Commentaires

    1
    Andy
    Dimanche 11 Février à 17:22

    Kou Shibasaki se voit remplacé

    2
    Kane Carlisle
    Dimanche 11 Février à 17:57

    Dans https://streamcomplet.land/ le film, tout est vrai. La confiance, comme la vie, se perd une fois. 

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