• Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    A travers deux films riches en scènes d'action virtuoses et en rebondissements, le réalisateur / chorégraphe donne sa version du célébrissime héros chinois Wong Fei Hung.

    Le Combat des Maîtres (1976)

    Le Combat des Maîtres n'est que le deuxième film de Liu Chia-Liang, et pourtant on y décèle déjà les messages forts qui feront la renommée de ses œuvres par la suite et qui témoignent du respect qu'il porte à l'esprit des arts martiaux. Si Le Combat des Maîtres nous conte une énième histoire de vengeance à l'instar de la majorité des films de kung fu de l'époque, il est en réalité axé sur l'apprentissage des arts martiaux. Et quel meilleur porte-parole de la sagesse des arts martiaux que le légendaire Wong Fei Hung ?

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    Le jeune Wong Fei Hung trépigne de ne pas pouvoir participer à la traditionnelle "Fête des Pétards". En effet, son père Wong Kei Ying refuse catégoriquement de lui enseigner les arts martiaux alors qu'il tient une prestigieuse école à Canton. Fei Hung trouve heureusement un soutien en la personne de Yuen Ching, qui le recommande chaudement au maître du père du jeune homme, Lu Ah Tsai. Pendant ce temps, la rumeur se répand dans la ville, selon laquelle un bandit fameux aurait trouvé refuge dans l'une des écoles de kung fu…

    Après Kwan Tak Hing (dans d'innombrables épisodes de séries télévisées) et avant Jackie Chan et Jet Li, c'est à Gordon Liu que revient l'honneur de prêter ses traits au plus célèbre des héros chinois. Il n'a alors que 19 ans et Le Combat des Maîtres est son premier grand rôle au cinéma. Il incarne un Wong Fei Hung turbulent et naïf qui défie volontiers les sévères injonctions d'un père peu compréhensif.

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    Le canevas est extrêmement simple et repose sur la rivalité entre les écoles de Maître Lu Ah Tsai (Chen Kuan Tai) et de Maître Peng Yun Gang, ce dernier n'hésitant pas à recourir à certains procédés contestables pour prendre le dessus sur son concurrent.

    L'arrivée du bandit Ho Fu (Liu Chia-Liang) aggrave ce qui aurait pu n'être qu'une puérile mésentente : en tuant l'officier Yuen Ching (Liu Chia Yung), Ho Fu ne se doute pas qu'il va provoquer la colère de Wong Fei Hung, justement envoyé en retraite chez le maître de son père afin d'y recevoir l'enseignement martial tant espéré.

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    Le superbe combat qui oppose Liu Chia Liang à son frère Liu Chia Yung est incontestablement le plus beau du film, en plus d'en constituer le pivot. Les deux adversaires y croisent l'épée et le bâton avec une rapidité extrême dans le décor nocturne et minimaliste d'une clairière, pour finir à mains nues avec la même agilité. Il s'agit aussi de l'affrontement le plus violent du Combat des Maîtres, même s'il faut relativiser le qualificatif en comparaison avec les œuvres de Chang Cheh, dont Liu Chia Liang ne partage aucunement le goût pour le sadisme.

    A partir de cette scène-clé, le réalisateur peut mettre l'emphase sur la partie la plus importante du film, à savoir la longue phase d'apprentissage du jeune Wong Fei-Hung qui, guidé par Maître Lu, va s'accomplir à la fois physiquement et moralement.

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    Sans être aussi terrible que celui de La 36ème Chambre de Shaolin, l'entraînement est long et rude et le Maître use tout autant de ses poings que de sa verve pour rabaisser son malheureux disciple. Cela fait partie du jeu, et le réalisateur fait montre d'une grande maîtrise dans la narration des différentes étapes, changeant ce qui aurait pu constituer le point faible du film dans les mains de n'importe qui d'autre, en un spectacle divertissant et enlevé, même s'il n'est pas aussi jubilatoire que son pendant dans Les Exécuteurs de Shaolin, réalisé l'année suivante.

    Outre Gordon Liu, Chen Kuan Tai, Liu Chia Yung et Liu Chia Liang lui-même, Le Combat des Maîtres est l'occasion de retrouver avec plaisir deux autres habitués des films de la Shaw, Lily Li et Wong Yu (qui seront mère et fils dans Les Exécuteurs de Shaolin). Le film ouvre la voie à une suite éventuelle, qui verra le jour en 1981 avec Martial Club.

    Article publié sur DVDRama.com le 4 juillet 2006

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    Martial Club (1981)

    Dans Martial Club, le jeune Wong Fei Hung, toujours incarné par Gordon Liu, connaît certes les arts martiaux mais ne semble pas encore avoir triomphé de son propre orgueil. Aux côtés de Yin Ling (Robert Mak), il se donne volontiers en spectacle dans la rue et va jusqu'à se faire passer pour un instructeur auprès des Maîtres reconnus. La sagesse acquise à l'issue du Combat des Maîtres n'est plus qu'un lointain souvenir.

    Plus facétieux et plus riche en rebondissements, Martial Club peut être vu indépendamment du premier film, car il n'en constitue pas une suite directe, se contentant de reprendre les bases du personnage principal et le même type d'univers. Il est donc toujours question de rivalités entre écoles, l'une juste et l'autre mauvaise, toutefois Maître Lu (Chu Tieh Ho) et ses disciples s'avèrent infiniment plus retors que leurs équivalents dans le premier film.

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    Alors qu'ils exécutent en public une danse du lion, les disciples de Maître Zhang sont provoqués par les élèves agressifs du fourbe Maître Lu. Maître Wong Kei Ying, à la tête d'une troisième école et père de Wong Fei Hung, tente de réconcilier les deux hommes, en vain. L'incident n'empêche pas Fei Hung, et son ami Yin Ling, disciple de Maître Zhang, de parader dans les rues en cherchant la bagarre. L'inévitable se produit : ils tombent sur un adversaire redoutable qui n'est autre qu'un Maître venu du Nord de la Chine et recruté par Maître Lu dans le but de faire plier les écoles concurrentes…

    Selon une cadence endiablée, Martial Club alterne ou mélange scènes de comédie et scènes de combat le plus naturellement du monde. Les arts martiaux y deviennent le seul langage compris de tous, la moindre prise de contact entre deux personnages se faisant au travers d'un échange musclé de coups, amical ou non. C'est ainsi que communiquent Yin-Ling et sa fougueuse jeune sœur Chu Ying (Kara Hui), sous le regard attendri de leur père (Wilson Tong), ou encore les Maîtres entre eux au moindre signe d'offense. La question est d'ailleurs soulevée par l'étranger du film, Maître Shan (Johnny Wang), qui s'étonne de se voir solliciter à tous les coins de rue pour échanger quelques passes avec les locaux contre quelques yuans.

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    L'une des scènes les plus typiques de cette substitution du langage du corps à celui des mots a lieu vers la fin du film, lorsque Fei Hung et Chu Ying se rendent chez leurs ennemis pour recevoir leurs excuses. Le décalage est tel entre les paroles prononcées, d'une courtoisie mielleuse, et les actes concrets, une mise à l'épreuve physique peu cordiale des uns par les autres, que la scène en devient réellement comique.

    Plus loufoque que Le Combat des Maîtres, Martial Club est aussi moins démonstratif dans son message, bien que celui-ci se révèle à peu près similaire. Les nombreux combats qui ponctuent le film et qui s'achèvent généralement sur un règlement de compte entre deux ou trois protagonistes sont aussi plus aboutis dans leur mise en scène et dans leur rythme.

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    A ce titre, le duel final entre Gordon Liu et Johnny Wang est un petit bijou d'inventivité. Situé dans une allée déserte qui va en rétrécissant à mesure que les combattants avancent, il donne l'occasion au réalisateur/chorégraphe d'exploiter au maximum les possibilités du décor tandis que les personnages déploient des techniques toutes plus délirantes les unes que les autres (on s'attendrait presque à les voir marcher à l'horizontale sur les murs), contrebalancées par des mouvements réalistes et subtils. L'accent est mis sur le moindre glissement d'un pied, le moindre positionnement d'un doigt. C'est au cours de telles scènes que tout se joue.

    Gordon Liu continue de faire un très bon Wong Fei Hung, plus à l'aise même que dans le premier film, mais il n'est plus seul. Il est flanqué, d'une part, d'un ami qui enchaîne bourde sur bourde et auquel Robert Mak confère la désinvolture nécessaire dans un univers où tout n'est que discipline stricte ; et d'autre part, de la sœur de ce dernier, plus sérieuse et efficace mais dont le caractère demande à être tempéré.

    Le Combat des Maîtres, Martial Club... Wong Fei Hung vu par Liu Chia Liang

    On retrouve ce personnage de la jeune femme fière, intègre et intrépide dans bon nombre de films de Liu-Chia Liang et, de même, la figure du couple d'artistes martiaux qui part au combat. Dans plusieurs scènes de Martial Club, on voit ainsi Gordon Liu et Kara Hui se rendre ensemble chez l'ennemi en tant que porte-paroles de leurs écoles. Enfin, Johnny Wang, d'habitude cantonné aux rôles de méchants de service, surprend en composant un Maître Shan autrement plus nuancé et intéressant que les autres bad guys du film.

    Plusieurs crans au-dessus du premier Wong Fei Hung de Liu Chia Liang, Martial Club se situe dans la lignée des films les plus trépidants et divertissants du réalisateur.

    Caroline Leroy

    Article publié sur DVDRama.com le 4 juillet 2006


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :