Troisième et dernier volet de la saga Shaolin, Les Arts Martiaux de Shaolin est sans doute le plus abouti de la trilogie. On y retrouve le jeune prodige des arts martiaux chinois Jet Li Lian Jie, cinq fois champion de Chine de wushu, qui avait été révélé par le premier opus en 1982.
Deux orphelins dont les parents respectifs ont été tués par le même homme, le Seigneur He Suo, connaissent des destins différents. Le premier, Zhi Ming, est envoyé au Temple de Shaolin du Nord par sa mère. Le second Sima Yan est confié au Temple du Sud par son oncle. A l'approche de l'anniversaire de He Suo, Zhi Ming et Sima Yan, décident chacun de leur coté d'assouvir leur vengeance...
Les Arts Martiaux de Shaolin reprend le thème décidément incontournable de la vengeance, déjà exploité dans Le Temple de Shaolin. Jet Li y incarne de nouveau un jeune bonze gentiment rebelle, décidé à venger à tout prix la mort de ses parents. Yu Cheng Hui reprend son rôle d’infâme assassin, exactement comme dans les deux précédents films. Trois autres acteurs du Temple de Shaolin se joignent à la fête, parmi eux on citera bien sûr l’impressionnant Hu Jian Qiang qui fait ici équipe avec Jet Li.
La particularité des Arts Martiaux de Shaolin par rapport aux deux autres opus n’est donc ni son scénario ni son casting, mais réside dans la richesse de ses chorégraphies alliée à un sens de la mise en scène époustouflant. Le Temple de Shaolin et dans une moindre mesure Les Héritiers de Shaolin recelaient certes nombres de scènes de combat réussies, mais ces scènes étaient mises au point par les acteurs eux-mêmes dans un but démonstratif, le réalisateur Chang Hsin Yen se contentant de leur indiquer le ton général de la scène.
Sur Les Arts Martiaux de Shaolin, on sent au contraire tout du long une formidable cohérence d’ensemble : chaque scène, chaque plan sont pensés avec une précision redoutable qui confère au film dans son entier une remarquable fluidité. Le chorégraphe Liu Chia Liang, qui s’était déjà illustré en tant que réalisateur avec le magnifique La 36ème Chambre de Shaolin et ses suites, réussit dans Les Arts Martiaux de Shaolin à atteindre le parfait équilibre entre plans d’ensemble et plans rapprochés, rendant le moindre mouvement lisible sans jamais perdre de vue la place de chacun dans l’espace. Dans les plans larges où plusieurs dizaines d’adversaires s’affrontent en même temps, chaque groupe est reconnaissable grâce à la couleur de son costume.
Ce jeu de couleurs permanent contribue à la beauté plastique du film qui bénéficie déjà de la majesté des superbes décors naturels chinois. La scène où Jet Li affronte d’innombrables adversaires sur la Muraille de Chine reste l’une des plus mémorables. Les scènes de combat à deux ou trois sont légion et se révèlent tout aussi impressionnantes. Dynamiques et inventives, elles sont l’occasion d’un véritable déploiement de techniques martiales où toutes les combinaisons sont explorées entre épées, bâtons, combat à mains nues, mains nues contre épée, etc.
Dans la pure tradition du film d’arts martiaux, il est question dans Les Arts Martiaux de Shaolin de rivalités entre deux écoles aux styles de combat opposés. En accord avec les styles respectifs des acteurs, Zhi Ming (Jet Li) pratique le style du Nord tandis que Zhao Wei (Hu Jian Qiang) et Sima Yan (Huang Qiu Yan) pratiquent le style du Sud. Il est difficile après avoir vu le film de confondre les deux écoles tant chacun pousse à la perfection la spécificité de son art.
Jet Li émerveille par sa rapidité et sa grâce virevoltante tandis que Hu Jian Qiang impressionne par son style sec et puissant. La jeune Huang Qiu Yan n’est pas en reste, ni même Yu Hai qui incarne une fois de plus le maître de Jet Li. Bien que les personnages des Arts Martiaux de Shaolin ne possèdent pas la désarmante naïveté de ceux du Temple de Shaolin, ils sont mieux écrits et conservent une sympathique fraîcheur qui fait beaucoup pour le charme du film.
Spectaculaire, éblouissant, incontournable, Les Arts Martiaux de Shaolin est l’un des derniers grand films à célébrer l’esprit des arts martiaux.
Caroline Leroy
Article publié sur DVDRama.com le 5 juillet 2005