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Critique : Phantom Lover, de Ronny Yu

Coproduction Hong Kong-Chine dotée d'un budget conséquent et tournée entièrement à Pékin, Phantom Lover de Ronny Yu est un film flamboyant placé sous le signe de la tragédie romantique. Le film a beau avoir été réalisé en 1995, il n'a rien perdu de son aura aujourd'hui, et nous rappelle à chaque instant à quel point Leslie Cheung manque cruellement au cinéma de Hong Kong.

Critique : Phantom Lover, de Ronny Yu

Chine, 1936. Une troupe d'acteurs sans le sou décide d'élire domicile dans un théâtre en ruines construit dix ans plus tôt par la star disparue Song Tanping. Fasciné par ce lieu chargé d'un passé trouble, le jeune Waiching apprend du maître des lieux la véritable histoire de Song et de sa bien-aimée Wenying, tragiquement séparés l'un de l'autre par le jeu des malveillances conjuguées de la famille de la jeune femme et de celle de son prétendant jaloux, le fils de Chew, un industriel influent…

Deux ans après le miracle Jiang Hu, réalisé en 1993, le réalisateur Ronny Yu et l'acteur Leslie Cheung se retrouvaient de nouveau réunis au générique de Phantom Lover, adaptation d'un classique du cinéma chinois, lui-même librement inspiré du célèbre Fantôme de l'Opéra.

Romantique et mélodramatique, Phantom Lover laisse pourtant une curieuse impression de légèreté, de flottement délicieux lorsque le rideau tombe sur les destinées tourmentées de Song Tanping (Leslie Cheung) et Wenying (Wu Chien-Lien). Pourtant, les péripéties ne manquent pas, en particulier dès qu'il s'agit de revenir sur le passé de nos amants tragiques, auquel Ronny Yu et son directeur de la photographie Peter Pau ont choisi de donner une vie toute particulière.

Critique : Phantom Lover, de Ronny Yu

Fait étonnant, ce sont en effet les scènes ancrées dans le présent – l'histoire de Waiching et de la troupe de théâtre fauchée – qui se voient apposer le filtre sépia que l'on associe traditionnellement aux flash-backs dans les longs métrages. Les scènes du passé, gorgées de teintes chaudes et éclatantes, apparaissent de fait plus réelles, plus vivantes, tant dans les moments d'insouciance que dans les moments de désespoir. Ce procédé original raconte mieux qu'aucun autre la douleur des deux jeunes gens que les événements et la méchanceté de leur proches ont amené à s'éteindre.

L'esthétique splendide de Phantom Lover n'est pas seule à servir la narration, puisque le film est régulièrement ponctué de chansons passionnément interprétées par le grand Leslie Cheung, et dont il a d'ailleurs lui-même écrit les paroles.

Ces morceaux viennent à point nommé accentuer ou libérer la tension qui étreint les personnages, comme lorsque Waiching (Huang Lei), devenu le substitut de Tanping, se risque à chanter pour la première fois le morceau composé par celui-ci dix ans auparavant, avant de se voir sauver in extremis par son mentor secret au moment crucial de la montée vers les aigus.

Critique : Phantom Lover, de Ronny Yu

Tout en douceur, Ronny Yu parvient à faire naître une émotion subtile et tenace, aidé en cela par ses deux comédiens principaux, visiblement habités par leurs rôles. Wu Chien-Lien, la tueuse de Beyond Hypothermia (Patrick Leung), confère à Wenying l'innocence et la fragilité requises, tandis que Leslie Cheung se donne corps et âme à ce rôle poignant qui semble lui avoir tenu particulièrement à cœur. Assez en tout cas pour qu'il produise le film et accepte de se montrer défiguré face au public durant la plupart des scènes.

Après l'échec commercial de Phantom Lover, il aura fallu attendre 2006 et Le Maître d'Armes pour sentir de nouveau cette flamme chez le réalisateur. Sans Leslie Cheung…

Caroline Leroy

Article publié sur DVDRama.com le 11 avril 2007

Critique : Phantom Lover, de Ronny Yu

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