Séoul, 2020. Dans la Corée réunifiée, une unité d’élite dirigée par l’inspecteur Seok est chargée d’enquêter sur une série de meurtres mystérieux visant des généticiens à la retraite. La scientifique Heesu, invitée à participer à une conférence sur les meurtriers en série, décide de prendre part à l’enquête lorsque son père adoptif, le préfet Kim Hinsu, se fait brutalement enlever…
Yesterday pose le décor d’un Séoul futuriste dans la lignée des plus grands films d’anticipation, tels Blade Runner et Ghost in the Shell, deux films avec lesquels il partage de nombreux points communs. Les questionnements éthiques soulevés par Yesterday concernent cette fois le clonage, et visent à pointer les dérives scientifiques de la société moderne à travers cette histoire d’enfants kidnappés pour servir de cobayes. Une intention certes peu originale mais louable, qui n’est malheureusement jamais aboutie à l’écran tant le récit demeure confus.
La volonté affichée de Jeong Yun Su de mettre ses personnages au service du décor et de l’ambiance et non l’inverse a pour résultat d’annihiler l’impact de l’ensemble, lui conférant une désagréable monotonie. Seok et Heesu manquent cruellement de consistance tandis que la ville, toute soignée qu’elle soit esthétiquement grâce au travail remarquable effectué sur les décors et les éclairages, ne bénéficie jamais de plan d’ensemble nous permettant d’appréhender l’espace dans lequel évoluent les personnages. D’où l’impression d’être ballotté de-ci de-là au gré d’une narration parfois elliptique.
Le même problème se pose avec les nombreuses scènes d’action qui parsèment le film : efficacement réalisées, elles souffrent d’un manque de lisibilité dû à une mauvaise gestion de l’espace, l’exact contraire des scènes d’action des films de John Woo auxquelles elles empruntent ouvertement certains tics.
Malgré d’évidentes qualités visuelles, Yesterday reste donc en surface et échoue à se mesurer à ses prestigieux modèles. La faute en revient aussi à l’interprétation désespérément plate des deux acteurs principaux : Kim Seung Woo change à peine d’expression de visage de tout le film et Kim Yoon Jin, pourtant excellente dans Shiri, arbore constamment un air plaintif qui dessert la crédibilité de son personnage.
Le seul à tirer son épingle du jeu au milieu de ce casting incertain est Choi Min Soo dans le rôle de Goliath : charismatique malgré son peu de temps de présence à l’écran, il nous fait d’autant plus regretter que Jeong Yun Su ait refusé de lui accorder le rôle principal comme il le souhaitait au départ.
Caroline Leroy
Article publié sur DVDRama.com le 7 avril 2005