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Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Fushigi Yûgi : la série

Publié pour la première fois en 1992, Fushigi Yûgi reste à ce jour le plus flamboyant de son auteure, la mangaka Yuu Watase. Réalisée par Hajime Kamegaki et produite par les studios Pierrot, l'adaptation animée de ce classique du shôjo manga voit le jour dès 1995 et sera par la suite prolongée de trois OAV sympathiques, dont le dernier remonte à 2001. Cocktail irrésistible d'action, d'humour et bien sûr de romance enflammée, Fushigi Yûgi nous embarque dans un fabuleux voyage aux côtés de Miaka, Tamahome et Yui, un voyage qui ne connaît aucune baisse de régime tout au long des cinquante-deux épisodes que dure la série. Place à la magie !

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Collégienne peu motivée, Miaka Yuki suit sa meilleure amie Yui Hongo à la bibliothèque nationale afin de préparer les examens qui lui ouvriront les portes du lycée. Mais une fois sur place, les deux adolescentes se retrouvent aspirées malgré elles dans un livre magique, L'Univers des Quatre Dieux, et projetées en pleine Chine ancienne, dans le Konan. En mauvaise posture, elles sont tirées d'affaire in extremis par un ravissant garçon du nom de Tamahome. Alors que Yui est rappelée dans le monde réel, Miaka apprend de la bouche de l'Empereur Hotohori qu'elle est la Prêtresse de Suzaku, celle qui ramènera la paix dans ce monde en proie au chaos. Pour ce faire, Miaka doit réunir les sept Etoiles de Suzaku et invoquer la divinité qui lui accordera trois vœux. Mais les choses se compliquent lorsque Yui réintègre le livre afin de devenir la Prêtresse de Seiryu, et par conséquent sa pire ennemie…

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

La plupart des héros de mangas shônen et shôjo sont des individus moyens auxquels le public adolescent, garçon dans le premier cas ou fille dans le second, pourra aisément s'identifier. Notre héroïne, Miaka Yuki, ne déroge pas à la règle. Mignonne et rigolote, elle n'en est pas moins maladroite, paresseuse, goinfre et puérile, défauts qui semblent l'opposer en tous points à sa meilleure amie Yui Hongo, élève studieuse à la personnalité nettement plus mature. Ce contraste flagrant va bien entendu s'amenuiser à mesure que les deux jeunes filles se confrontent à leur propres démons à l'intérieur de L'Univers des Quatre Dieux, qui les a aspirées sans prévenir dès le tout premier épisode de la série.

Car entre les inséparables amies va se dresser bien vite un obstacle infranchissable : Tamahome. Leur amitié indéfectible subit une première altération dès lors que de retour dans le monde réel, Yui est témoin de la naissance de l'amour passionné et exclusif qui unit Miaka à ce jeune homme imaginaire. Le traumatisme qui suit son pénible retour dans le livre achèvera de révéler les sentiments obscurs qu'elle nourrit depuis longtemps au fond de son cœur. De son côté, Miaka va à la rencontre de son destin au sein de ce monde nouveau qui semble de prime abord l'accueillir à bras ouverts : le garçon de ses rêves s'avère être fou amoureux d'elle, l'Empereur du Konan l'érige en Prêtresse tout en confessant qu'il lui voue lui aussi de tendres sentiments, et le devenir de tout un peuple est suspendu à ses moindres faits et gestes. Bien sûr, tout n'est pas aussi rose et Miaka devra faire face à bien des dilemmes et des tragédies dans ce lieu situé quelque part entre fiction et réalité.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Au-delà d'une simple histoire de rivalité entre deux jeunes filles, thème récurrent dans le shôjo manga, Fushigi Yûgi nous fait pénétrer par la grande porte au cœur des fantasmes de deux adolescentes en quête d'elles-mêmes. C'est là la grande idée de Yuu Watase que de transposer dans un univers de fantaisie tous les soubresauts propres à cette période intense et complexe de la vie, là où la majorité des auteurs privilégient le cadre confortable du collège ou du lycée. Comme beaucoup d'adolescentes, Miaka et Yui vivent dans l'absolu, et le monde magique dans lequel elles ont échoué leur offre plus que tout autre la possibilité de laisser libre court au trop-plein de sentiments qui les étouffe. Tout au long de l'aventure, Miaka versera ainsi des litres de larmes, tandis que Yui déchaînera sa colère sur bien des innocents, à commencer par ce Tamahome qui lui a volé son amie et dont elle prétend être elle aussi amoureuse.

Certes, la romance est très importante dans Fushigi Yûgi comme dans tous les mangas à caractère shôjo, en ce qu'elle est au centre des préoccupations des adolescentes, et donc de Miaka. Mais le monde de Yuu Watase est aussi très cruel. Bien que ses héroïnes n'aient que quinze ans, elle n'hésite pas à les confronter à des situations très dures, comme ces tentatives de viol assez fréquentes qui tranchent avec l'ambiance généralement enjouée de la série, ou comme ces tentatives de suicide auxquelles Yui comme Miaka finissent par céder à un moment ou à un autre, pour des raisons différentes. De même, la découverte de l'amour et celle du désir occasionneront bien des souffrances à la jeune Miaka, en particulier lorsque Tamahome, sous l'emprise d'un philtre maléfique que lui a langoureusement fait avaler Yui, se met subitement à lever la main sur elle.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Les mille péripéties qui affectent la relation amoureuse de nos deux tourtereaux s'insèrent parfaitement dans l'intrigue globale à tonalité fantastique, peuplé de nombreux personnages hauts en couleur qui se dévoilent petit à petit. A ce titre, la vision de la totalité de Fushigi Yûgi, qui se répartit sur deux saisons de vingt-six épisodes chacune, permet d'apprécier à quel point l'histoire de Yuu Watase est admirablement construite.

Si les premiers épisodes révèlent d'emblée que Miaka pourra sauver le Konan en invoquant Suzaku, la quête des sept Guerriers Célestes voués à l'accompagner dans sa mission s'étale en fait sur toute la première saison. Les relations entre les différents personnages se tissent ainsi au fur et à mesure, laissant au véritable ennemi toute latitude pour se révéler au moment le plus inattendu. Tamahome, Hotohori, Chichiri, Nuriko, Chiriko, Tasuki et Mitsukake, les sept Etoiles de Suzaku, s'opposeront ainsi aux Etoiles de Seiryu guidées par Yui sous l'influence d'une éminence grise de taille en la personne de Nakago.

A peine la saison 1 s'est-elle achevée sur une vision atroce qui marque un tournant décisif dans l'aventure, que la saison 2 repart de plus belle en impliquant le frère de Miaka, Keisuke, et son ami Tetsuya, narrateurs improvisés et témoins déterminants de l'histoire qu'écrivent Miaka et Yui. Yuu Watase parvient ainsi perpétuellement à remettre en perspective son récit, d'une manière incroyablement malicieuse et intelligente.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Plus on avance dans l'intrigue, et plus la frontière entre réalité et fiction semble s'étioler, comme en témoigne ce superbe discours déclamé à la fin de l'épisode 47 par Tamahome, personnage à mi-chemin entre les deux et incarnation du fantasme ultime de Miaka (et accessoirement d'un nombre significatif de femmes et d'hommes au fil des épisodes). Il est essentiel de mentionner que l'on ne peut pas comprendre Fushigi Yûgi sans aller jusqu'au tout dernier épisode, sans attendre les toutes dernières minutes, merveilleuses, qui lui donnent tout son sens.

On pardonnera à la série ses imperfections techniques – l'animation date un peu – tant la magie opère de bout en bout. Le rythme soutenu est ravivé par la chute qui clôt chaque épisode, au son des premières notes de l'excellente chanson Tokimeki no Doukasen, interprétée par Yukari Konno. La toile de fond mythologique qui soutient l'ensemble est solide et sert avec brio le voyage initiatique étonnant que réalisent non sans mal notre héroïne et sa meilleure amie. Si Miaka, Yui et Tamahome sont évidemment particulièrement soignés, Hotohori, Nuriko, Chichiri, Tasuki, et les autres ne sont pas en reste. Hotohori en particulier, qui tout Empereur qu'il soit, apprendra à ses dépends que l'on ne peut pas forcer l'amour. Tous sont attachants et plus ambivalents qu'ils n'y paraissent, et il est impossible de prédire d'un épisode à l'autre quel sera le sort de chacun.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

A une ou deux exceptions près, les coups de théâtre ne sont jamais fortuits et plus d'un personnage est susceptible de créer la surprise. On saluera au passage les prestations des comédiens japonais, et tout particulièrement Kae Araki (Miaka), Hikaru Midorikawa (Tamahome), Yumi Tôma (Yui) et Tohru Furusawa (Nakago), qui participent à donner une véritable personnalité à leurs très beaux personnages.

Récit d'aventures fantastique aux multiples rebondissements, histoire d'amour passionnée d'une pureté absolument désarmante, Fushigi Yûgi témoigne de l'imagination débordante de son auteure et n'a pas fini de faire rêver…

Caroline Leroy

Article publié sur DVDRama.com le 28 mai 2007

Fushigi Yûgi : les OAV

On ne présente plus la grande prêtresse du manga Yuu Watase, dont la renommée a largement dépassé les frontières japonaises depuis le fantastique succès de Fushigi Yûgi au cours des années 1990. Manga-phare de l'auteure, pré-publié de 1992 à 1998 dans le magazine shôjo Shocomi puis édité chez Shogakukan avant d'être traduit un peu partout, Fushigi Yûgi est une œuvre où fantastique, mythologie, romance et action s'entremêlent joyeusement, le tout saupoudré d'une bonne dose d'humour.

Autant dire que la saga transcende évidemment l'étiquette shôjo pour toucher tous les publics avec le même bonheur, selon la volonté de Yuu Watase qui expliquait lors de l'Anime Expo californienne de 1998 qu'elle considérait la séparation shôjo/shônen manga comme arbitraire et stéréotypée. Là s'explique sans doute d'ailleurs le succès planétaire des mangas de Yuu Watase, à l'image de celui du studio CLAMP, estampillé shôjo lui aussi et dont l'immense popularité n'est un secret pour personne.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Le livre est enfin clos et la mission de Miaka est terminée, elle peut donc vivre en paix avec Tamahome qui a quitté le monde de la fiction pour intégrer sa vie. Mais alors que nos amis se rendent sur la tombe de la cinquième prêtresse, Takiko, Tamahome se trouve de nouveau brutalement absorbé par le livre, pour une raison obscure. Désespérée, Miaka ne parvient pas à trouver de solution et craint d'être séparée de lui à jamais…

Si les deux OAV de Fushigi Yûgi présentés dans le coffret DVD édité par Dybex respectent fidèlement les éléments et thématiques propres à l'univers créé par Yuu Watase, ils ne sont cependant pas scénarisés par cette dernière. Le premier OAV, sorti en octobre 1996 (soit à peu près six mois après la fin de la série) et composé de trois épisodes, apparaît clairement comme le plus cohérent et le plus proche du manga et de la série Fushigi Yûgi. Comme rien n'est acquis et que le bonheur de nos deux tourtereaux ne tient qu'à un fil, Tamahome et Miaka se retrouvent une fois de plus écartelés entre les deux mondes, celui du réel et celui du livre magique.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Les deux premières parties de cet OAV sont exemplaires de l'ambiance de mystère teinté de fantasy qui caractérise Fushigi Yûgi : le fantastique survient à la fois dans la vie quotidienne de nos deux lycéennes sans histoires, Miaka et Yui, et simultanément dans l'univers du livre où Tamahome est projeté malgré lui. En réalité, le mal provient toujours du livre qui s'écrit au fur et à mesure, sous les yeux du frère de Miaka resté dans le présent, et où le temps défile à une échelle différente. La fiction contamine et corrompt la réalité. Le vrai héros de cet OAV très réussi – malgré une fin un peu précipitée – est incontestablement Tamahome, éternelle victime de sévices divers et variés et décidément trop gentil pour démasquer ses ennemis avant qu'ils ne frappent – une caractéristique qui s'avère plus d'une fois sérieusement handicapante.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Et ce pauvre Tamahome n'est pas au bout de ses peines avec le second OAV proposé dans ce coffret. A croire que l'auteure lui voue une affection bien particulière pour que les scénaristes aient songé à lui faire subir toutes ces tortures. C'est bien simple, entre les deux OAV, Tamahome (rebaptisé Taka par Suzaku lors de sa "renaissance" dans le monde réel) se fait successivement fouetter, jeter dans un fossé, empoisonner (à plusieurs reprises et de plusieurs manières différentes) puis soigner dans d'atroces souffrances, poignarder en traître, balancer du haut des escaliers par un rival en colère... On ne compte plus les exactions à l'encontre de ce brave garçon pourtant uniquement désireux de "protéger" sa dulcinée, selon la formule consacrée. Comme on s'en doute, c'est en fait Miaka et les autres qui sont constamment obligés de le tirer d'affaire. On notera au passage que Taka/Tamahome est joué par l'excellent Hikaru Midorikawa, voix de Ryûho dans S-Cry-Ed.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Les seconds OAV, sortis entre mai 1997 et août 1998, offrent une certaine continuité avec les premiers. L'ennemi ultime, par exemple, reste le même, c'est-à-dire Tenko, sombre personnage qui se ressource régulièrement dans des bains de sang afin de méditer sur son propre génie, un peu comme Saga qui prenait constamment des douches et des bains durant toute la bataille du Sanctuaire de Saint Seiya. Tenko est accompagné de nouveaux sbires qui font d'abord leur apparition dans le monde réel et perturbent gravement la quiétude de nos héroïnes. Un certain Shigyo, en particulier, menace directement Miaka et Taka, ce qui donne lieu à quelques scènes plutôt réussies. Mais le seul moyen d'éradiquer ce chaos soudain est de revenir à la source, c'est-à-dire au livre. Et le challenge de ces secondes OAV sera finalement de collecter les gemmes du souvenir censées aider Tamahome – encore lui – à recouvrer la mémoire.

Ces seconds OAV sont un peu plus dispersés que les premiers, un peu plus mièvres aussi. Les dialogues entre Miaka et Taka/Tamahome rivalisent de niaiserie dans les tous derniers épisodes. Toutefois, on ne s'ennuie pas une seconde et certains passages réservent même de beaux moments d'émotion. Aucun personnage n'est laissé pour compte, de Chichiri le moine au masque béat à Hotohori le seigneur narcissique, en passant par Tasuki, l'excité de service secrètement amoureux de Miaka. Tous ont leur moment de gloire et ce même si, comme on l'a dit, Tamahome a les honneurs d'un traitement bien spécial.

Fushigi Yûgi : chronique d'une œuvre culte

Quant à Miaka, elle représente peut-être la seule vraie faiblesse de ces seconds OAV : passive et geignarde les trois quarts du temps, elle se sert en fin de compte assez peu de ses fameux pouvoirs de prêtresse. Néanmoins, la qualité du dessin, la délicatesse du character design et l'excellente bande-son rattrapent sans mal les très rares temps morts de cette rocambolesque suite de six épisodes.

Au final, le plaisir est intact à la vision de ces OAV signés Hajime Kamegaki, réalisateur apparemment attitré de Yuu Watase puisqu'il s'était déjà occupé de la série Fushigi Yûgi et réalisera par la suite la version TV de Ayashi no Ceres. Le générique de fin de Fushigi Yûgi, qui démarre toujours en trombe à l'annonce des dernières images de l'épisode – celui des premiers OAV est supérieur au suivant – nous abandonne avec un grand sourire sur le visage.

Caroline Leroy

Article publié sur DVDRama.com le 28 octobre 2005

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