• City Hunter Uncut : le point sur la censure française

    City Hunter version uncut est disponible en DVD. L'occasion de faire le point sur le charcutage opéré autrefois par la censure française... et de réévaluer la série à la hausse !

    City Hunter n'a décidément rien perdu de sa fraîcheur. Près de dix-huit ans après sa première diffusion à la télévision française, Ryô Saeba s'offre une seconde vie avec la sortie DVD de la version originale de ses aventures délirantes.

    Forte d'un doublage excellentissime, cette VO inédite de City Hunter saison 2 fait revivre d'affectueux souvenirs, tout en laissant intact le plaisir de la découverte : non seulement l'humour est mille fois plus percutant, le ton mille fois plus allumé que dans la version française, mais la dérision coquine si caractéristique de l'univers de Tsukasa Hôjo se voit enfin restituée dans toute sa splendeur. Autrement dit, c'est une tout autre série que celle que l'on connaissait. Ce coffret regroupe les épisodes 52 à 72 de City Hunter.

    City Hunter Uncut : le point sur la censure française

    Après une première saison comprenant 51 épisodes, diffusée entre avril 1987 et mars 1988 au Japon, City Hunter revient à la charge sous le titre City Hunter 2, avec pas moins de 63 épisodes au compteur. C'est cette saison 2 que nous avons découverte il y a quelques mois par le biais d'un premier coffret DVD de 20 épisodes.

    Certains se remémorent évidemment avec affection la série Nicky Larson dont la première apparition télévisée en France remonte à 1990 sur la chaîne TF1. Il s'agit des derniers instants d'une époque bénie, celle où l'animation japonaise pouvait encore rencontrer son public aux heures de grande écoute. Peu de temps après, tout disparaissait de nos chaînes publiques et privées, suite à l'acharnement de politiques opportunistes.

    City Hunter Uncut : le point sur la censure française

    Nicky Larson/City Hunter symbolise aussi, à l'instar de Saint Seiya ou de Ken le Survivant, le triste sort réservé à ces séries incomprises de leurs acheteurs. Ceux-ci opéraient des coupes à n'en plus finir, afin qu'il soit possible de les programmer à des horaires accessibles aux enfants. Et tant pis si on ne comprenait parfois rien à l'intrigue. Si la violence était visée dans les deux séries sus-mentionnées, le cas de City Hunter s'avérait particulier puisque la censure concernait pour l'essentiel des allusions coquines plus ou moins explicites.

    Aujourd'hui, alors qu'il est enfin possible de découvrir cette série sous sa forme uncut, force est de constater que ces interventions tour à tour grossières ou chirurgicales, étaient relativement habiles eu égard à leur objectif. Car l'idée que l'on se faisait à l'époque de City Hunter se révèle être finalement bien loin de la réalité.

    City Hunter Uncut : le point sur la censure française

    Entre les diffusions télévisées et la sortie de ces coffrets non-censurés, les fans se sont évidemment précipités sur la parution du manga culte de Tsukasa Hôjo aux éditions J'ai lu. Mais c'était pour s'apercevoir qu'un décalage énorme existait entre l'œuvre papier et le souvenir de la série animée. Avec ces nouvelles sorties DVD, le lien entre manga et anime est désormais rétabli.

    City Hunter, l'anime, tout comme sa suite City Hunter 2, est bien plus fidèle à l'œuvre originale que la version française édulcorée. Certes, il ne faut pas s'attendre à voire poindre les fameux "coucou" de ce cher Ryô Saeba – toutes les adaptations ou presque sont un peu aseptisées lors de leur passage sur petit écran – mais l'essentiel y est. Ryô y apparaît bel et bien comme l'obsédé bon enfant imaginé par Hôjo, prompt à palper les fesses de toutes les belles filles qu'il croise et à se déshabiller dans un élan spectaculaire au moindre tête à tête dans une pièce close avec sa cliente.

    City Hunter Uncut : le point sur la censure française

    Mais le plus drôle est que ces coffrets nous permettent de prendre la mesure des charcutages intempestifs effectués à l'époque et du souci de cohérence qui les caractérisait néanmoins. Certains plans – par exemple, des pelotages trop explicites – disparaissent purement et simplement de la circulation, réinsérés ici en VO à l'intérieur de la version française de l'époque.

    D'autres coupures sont plus subtiles et concernent des dialogues, expurgés en VF de toute allusion à caractère sexuel. Dans l'épisode 69 (DVD 4 de ce coffret), une jeune et belle cliente se précipite ainsi dans les bras de Ryo, qui tout émoustillé – il faut voir son expression ! –, s'écrie en VO : "Ooh, comme j'aimerais tirer un coup !" ; et elle de lui demander innocemment "Tirer un coup ? Qu'est-ce que ça veut dire ?". Dans la VF, cela devient : "Oh, félicitations, vous avez l'air… douée !", ce à quoi elle réplique : "Ah oui ? vous ne me dîtes pas ça pour me faire plaisir, j'espère ?". Et ainsi de suite.

    Les love-hôtels dans lesquels Ryô cherche désespérément à entraîner les jeunes femmes se transforment en simples restaurants, et la colère de Kaori (Laura en VF) paraît tourner d'autant plus à vide que son collègue n'a pas l'air si pervers que ça.

    City Hunter Uncut : le point sur la censure française

    La sortie de City Hunter en VO est aussi l'occasion de se rendre compte à quel point la version française, pour acceptable qu'elle soit, ne tient pas une seconde la comparaison avec la version japonaise en termes d'humour et de dynamisme. Akira Kamiya, qui joue Ryô Saeba, est apparemment aussi dingue que son personnage, se montrant capable de passer avec une aisance confondante du cinglé taraudé vingt-quatre heures sur vingt-quatre par sa libido au détective ténébreux dont la voix suave envoûterait n'importe quelle fille, même l'explosive Kaori.

    Celle-ci n'est d'ailleurs pas en reste, la comédienne Kazue Ikura lui imprimant une exubérance totalement absente de la VF. La qualité de la version japonaise est telle que l'on a l'impression d'avoir affaire à une autre série, avec une autre atmosphère, un autre rythme. Les gags fusent à cent à l'heure, tandis que les moments plus graves passent comme une lettre à la poste.

    City Hunter Uncut : le point sur la censure française

    Dans ce premier coffret de City Hunter 2, où la plupart des intrigues sont réparties sur deux épisodes, la position de Kaori est fragilisée plus d'une fois, en particulier lorsque Ryô lui fait comprendre qu'il est trop dangereux pour elle de rester sa coéquipière (épisodes 54-55). Cette paire d'épisodes très réussie donne la mesure du mélange des genres à l'œuvre dans la série, qui navigue entre drame et humour potache avec la même conviction, à l'instar de Hôjo dans son manga.

    Côté humour, le pompon est sans doute atteint ici lorsque Kaori, désireuse de prouver qu'elle est une vraie femme, entreprend d'exciter Ryô en exécutant une séance d'aérobic sous son nez, avec la tenue adéquate bien entendu. Ce qui aurait inévitablement versé dans le vulgaire de nos jours avec l'invasion des codes du fan service, apparaît ici à la fois osé – et pas seulement pour l'époque – et hilarant.

    Les situations de ce genre sont légion dans City Hunter 2 et fonctionnent toujours aussi immanquablement, alors même que nombre d'épisodes sont créés exclusivement pour la série à ce stade puisque le manga ne compte que 36 volumes au total. De quoi raviver la flamme et attendre impatiemment la suite, à savoir… plus de quarante épisodes !

    Caroline Leroy

    Article publié sur Filmsactu.com le 13 novembre 2008


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