• Critique : N'oublie jamais, de Nick Cassavetes

    Ce film réunissant Ryan Gosling et Rachel MacAdams s'affirme comme une belle réussite dans le genre casse-gueule du mélodrame.

    A la vue de l’affiche et de la bande-annonce de N’oublie jamais, sorti en catimini durant l’été 2004, on craint immédiatement de se retrouver face à un monument de guimauve. Les films dits « romantiques », drames ou comédies, sont un genre éminemment casse-gueule où Hollywood ne s’est guère illustré brillamment depuis un bon moment, misant davantage sur les stars cheap en vogue à la Jennifer Lopez et les scénarios torchés à la va-vite dont on connaît par cœur les ficelles, que sur de belles histoires sensibles.

    Adapté d’un best-seller de Nicholas Sparks, N’oublie jamais repose à l’inverse sur un scénario solide et prend le parti de mettre en avant de nouvelles têtes, aux côtés des vétérans que sont Gena Rowlands et James Garner. Si l’on ajoute à cela la réalisation élégante d’un Nick Cassavetes très inspiré, on obtient l’un des plus jolis films d’amour de ces dernières années.

    N’oublie jamais s’ouvre sur le décor d’une maison de retraite, lieu où un vieil homme surnommé Duke (James Garner) vient chaque jour lire à Allie (Gena Rowlands), une vieille femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, l’histoire de deux jeunes gens éperdument amoureux dans les années 40. C’est l’histoire de ces deux personnages à l’aube de leur vie que le spectateur va suivre à l’écran par l’intermédiaire d’un long flash-back.

    Le film se recentre donc sur l’histoire d’amour qui a jadis lié la jeune Allie (Rachel McAdams), fille de bonne famille, à Noah (Ryan Gosling), un jeune ouvrier tombé fou amoureux d’elle au premier regard. Ils s’aiment, ils sont heureux et batifolent à tout va, et on se doute bien que leur bonheur sera de courte durée. Séparés par les parents d’Allie qui ne peuvent un instant envisager de « donner » leur fille à ce moins que rien, les deux jeunes gens vont être contraints de vivre l’un sans l’autre, même s’ils ne parviennent jamais vraiment à tirer un trait sur leur amour. Une histoire vieille comme le monde. Et pourtant, N’oublie jamais se distingue d’emblée par une fraîcheur et une retenue qui font défaut à bien des productions du genre.

    Car le classicisme de son histoire, Nick Cassavetes l’assume totalement. Sa réalisation n’est pas pour autant académique, malgré le superbe plan d’ouverture sur un coucher de soleil accompagné d’une douce musique, qui semble annoncer une collection de clichés à venir. Il n’en est rien. La musique est certes importante mais jamais envahissante. Les couleurs chaudes renvoient à l’attachement de ces deux êtres, parvenus au crépuscule de leur vie, à ce passé lointain et bouillonnant.

    Tout en légèreté et en délicatesse, N’oublie jamais raconte une histoire simple et universelle à laquelle le procédé du flash-back confère une grande puissance émotionnelle. Les paysages de la Caroline du Sud, dont on croirait presque sentir les odeurs parfumées, participent à renforcer le sentiment de rêverie nostalgique dont est empreint le film. En évitant toute emphase inutile et en optant pour une limpidité reposante dans la narration comme dans la réalisation, Nick Cassavetes évite la mièvrerie et témoigne d’une modestie qui force le respect.

    Le film doit aussi énormément au choix de ses deux comédiens principaux, Ryan Gosling et Rachel McAdams, tous deux formidables de justesse. Rachel McAdams, que l’on a pu voir récemment dans Lolita Malgré Moi (Mark Waters), incarne avec grâce et énergie une Allie pétillante et entière. De son côté, Ryan Gosling imprime pudeur et fragilité à Noah, à mille lieues de son personnage de tête à claques dans Calculs Meurtriers (Barbet Schroeder).

    Entourés des valeurs sûres que sont Sam Shepard qui joue le père de Noah ou l’immense Joan Allen dans le rôle de la mère d’Allie, les deux jeunes acteurs s’affirment comme des talents à suivre de très près. En attendant, N’oublie jamais fait chaud au cœur et aurait même tendance, l’air de rien, à ne pas vouloir se laisser oublier facilement.

    Caroline Leroy

    Article publié sur DVDRama.com le 1er juillet 2005


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